Conférence Inaugurale du SACH 2025

La conférence inaugurale du Salon sur le Capital Humain a porté sur le thème : « Orientations et directives sanitaires en matière de prise en charge de la santé mentale des travailleurs en Côte d’Ivoire ». Elle a été animée par le professeur KOUA ASSEMAN Médard, Directeur du Programme National de Santé Mentale.

 Cette conférence a eu pour objectif, de  clarifier les concepts liés à la santé mentale au travail, à présenter les normes et compétences des acteurs dans ce domaine et à mettre en lumière, les directives et les lignes directrices concernant la prise en charge de la santé mentale des travailleurs.

La première partie de l’intervention du Professeur KOUA s’est focalisée sur la clarification des concepts clés liés à la santé mentale au travail.  L’intervenant a expliqué que la mauvaise perception de la santé mentale affecte la manière dont les politiques sont conçues. Souvent, les décideurs n’ont pas une compréhension adéquate des concepts. La crise liée à la COVID-19 a démontré l’importance cruciale de la santé mentale, en la plaçant sur un pied d’égalité avec la santé physique. Cette reconnaissance devrait amener à repenser les programmes et les politiques actuels.

La conférence inaugurale a fait ressortir le lien indissociable entre la santé mentale et la santé physique. Le Pr KOUA a saisi l’occasion pour expliquer que leur financement devait être concomitante. L’intervenant a insisté sur trois grands domaines d’intervention : la promotion, la prévention et le volet curatif, en matière de santé mentale.

Le conférencier a présenté quatre indicateurs clés pour évaluer la santé mentale. Il s’agit de la composante cognitive, émotionnelle, comportementale et sociale.

L’intervenant a souligné que malheureusement, la santé mentale n’est pas suffisamment protégée, bien qu’elle soit directement liée à la productivité des travailleurs. Il a insisté sur le fait que les actions en faveur de la santé mentale ne devaient pas être menées uniquement, pour se conformer aux normes internationales, mais qu’elles devaient être perçues comme une nécessité fondamentale, pour le développement et le respect de la vie humaine. L’investissement dans la santé mentale n’est pas une option, mais une exigence pour tout programme de développement durable et productif.

La seconde partie de l’intervention du Professeur KOUA a développé la question des normes de santé mentale au travail :

Pour ce faire, il a détaillé les normes de santé, à travers les notions de promotion, de prévention et de curation au travail. La promotion qui vise la résilience des individus face aux défis mentaux du travail ; la prévention qui porte sur la réduction des risques psychosociaux et qui  comprend des initiatives pour identifier et traiter les facteurs de stress avant qu’ils n’aient un impact négatif sur la santé mentale ; enfin la curation qui indique que la prise en charge des maladies mentales doit être au même niveau que celle des maladies physiques.

L’intervenant a soutenu que les maladies de santé mentale nécessitent une approche équivalente à celle des maladies physiques, en termes de soins, de ressources et de suivi.

Le Professeur KOUA a présenté les grands axes d’intervention, dans le cadre des normes et le niveau de compétence des acteurs, en matière de  santé mentale au travail. Son intervention a été structurée autour des actions organisationnelles universelles, des interventions spécifiques pour certains professionnels, et des mesures adaptées pour les travailleurs souffrant de problèmes de santé mentale.

Les Interventions organisationnelles universelles qui visent l’ensemble des travailleurs, sont centrées sur l’amélioration des conditions de travail et la prévention des risques psychosociaux. En premier lieu, la planification visant à améliorer les conditions générales de travail est essentielle à la promotion de la santé mentale, tout en agissant de manière préventive. Cette action participe également à la curation en limitant l’apparition de troubles mentaux graves.

Le Pr. KOUA a ensuite évoqué les interventions spécifiques à l’endroit des professionnels, confrontés à des situations particulièrement stressantes, notamment les personnels de santé, les travailleurs humanitaires et les services d’urgence. Ces interventions, souvent axées sur la promotion et la prévention, visent à améliorer les conditions de travail de ces travailleurs, hautement exposés. En cas de détresse mentale, des mécanismes de soutien curatif sont également mis en place, pour permettre à ces travailleurs de bénéficier d’une prise en charge appropriée.

Pour les travailleurs déjà touchés par des troubles mentaux, les interventions sont majoritairement centrées sur la curation, avec une approche préventive et promotionnelle complémentaire. Des aménagements raisonnables et programmes de retour au travail  sont mis en place pour soutenir ces individus dans leur quotidien professionnel, en réduisant les facteurs de stress et en facilitant leur réintégration.

L’intervenant a conclu que la santé mentale est le fondement même, du travail efficace et productif. Elle doit donc être placée au cœur des politiques de développement, non seulement, pour le bien-être des travailleurs, mais aussi, pour le bon fonctionnement et la réussite des entreprises et de la société, dans son ensemble.

Le professeur KOUA a répondu aux préoccupations soulevées par le public, au cours de cette conférence, en abordant plusieurs aspects essentiels de la santé mentale.

Sur la question de la prise en charge des personnes souffrant de troubles mentaux et souvent délaissées par leur entourage, il a souligné l’ importance du défi et a relevé qu’en Côte d’Ivoire, les hôpitaux psychiatriques fonctionnent sous un régime particulier qui impose une contribution aux soins du malade, en fonction des lignes budgétaires disponibles. Le professeur KOUA a insisté sur la nécessité de collaborer avec les communautés religieuses, car les croyances religieuses jouent un rôle majeur, dans la perception de la santé mentale. Cette alliance est primordiale, selon lui, pour favoriser une meilleure acceptation des soins par les patients et leurs familles.

Concernant les symptômes révélateurs de détresse mentale, le professeur KOUA a identifié plusieurs indicateurs clés. Parmi eux, les troubles du sommeil, qu’il s’agisse d’insomnie ou d’hypersomnie. De même, une personne qui manifeste régulièrement des émotions de colère ou de tristesse, à travers des pleurs fréquents, pourrait être atteinte d’un trouble mental. Enfin, les troubles psychosomatiques, des symptômes physiques sans explication médicale apparente, peuvent également être le signe d’une souffrance psychologique.

Le professeur KOUA a abordé les mécanismes mis en place pour lutter contre les troubles mentaux, en milieu professionnel. Il a insisté sur l’importance d’une prévention active et d’un suivi régulier des travailleurs. Le médecin de santé au travail joue un rôle central, en tant que coordonnateur, chargé de classifier les pathologies, de réaliser une première évaluation et de diagnostiquer les troubles mentaux.

Par ailleurs, sur la question de la santé mentale des dirigeants et des travailleurs, le professeur KOUA a reconnu qu’il est souvent difficile de définir précisément le moment où l’on peut dire qu’une personne souffre de troubles mentaux. Cependant, il a mis en lumière, l’impact des microviolences, telles que celles exercées à travers des courriels, qui peuvent affecter la santé mentale des individus. Le professeur KOUA a précisé que seul le médecin du travail est habilité à déterminer, à quel moment une personne présente des signes de troubles mentaux, requérant une prise en charge. D’où la nécessité pour eux d’avoir une bonne connaissance des pathologies mentales et d’opérer leur détection précoce, en milieu professionnel.

Enfin, le Professeur KOUA a développé la question de l’éducation et de la sensibilisation à la santé mentale, dès le plus jeune âge. Il a affirmé que cette sensibilisation devrait commencer dans les écoles et qu’il est essentiel d’intégrer la santé mentale dans les curricula scolaires. À cet effet, un appel sera lancé au Ministère de l’Éducation, pour la mise en place de programmes dédiés.s

La conférence inaugurale a été suivie par la visite d’une vingtaine de stands par les officiels. Parmi les exposants, il faut noter le PNSM avec les psychiatres, la CNPS, la CNAM, le CIERPA avec les psychologues, l’Inspection du Travail, des structure de bien être, de formation comme le CAMPC, France SST, YODAN, des écrivains sur la thématique de la santé mentale, qui ont présenté leur structure, leur expertise et ont prodigué des conseils et soutien aux personnes qui les ont visitées.

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